Qui donc se souvient de lui ?
Pourtant que de générations d’écoliers l’ont connu !
Pour rappel, un ancien prieuré de Bénédictins existait à cet endroit, à proximité de la rue dite du cloître ou de « Tioutre », avant qu’un incendie ne le détruise au cours du XII ème siècle.
De tous les monuments construits à la fin du XIX ème siècle qui ont transformé l’apparence d’Heyrieux, il en reste un et non des moindres par sa taille, pour lequel nous allons faire le détour. Remontons-la bien nommée rue de l’école qui nous conduit tout droit à ce lieu encore rempli de souvenirs, de cris et de rires, lointains échos du passé, un vacarme qui s’est mué en silence, mais qui reste audible à qui sait entendre avec le cœur.
Une ancienne élève se rappelle le temps de sa jeunesse : « Je me souviens encore des murs d’enceinte de l’ancienne école que ma camarade de classe et moi avons maintes fois explorés au moment de la récréation plutôt que de sauter à la corde ou de jouer à l’élastique. Elle avait entendu dire qu’un trésor y était caché et nous avions l’âme aventureuse. Nous scrutions minutieusement le pisé et le moindre affleurement minéral à la surface des murs. Le soleil lui-même s’amusait de nous. Il faisait scintiller quelques cristaux dorés et nos yeux d’archéologues en herbe brillaient de mille feux. Et que dire des courses effrénées que nous y avons faites pour échapper aux griffes du loup ! J’y ai appris à lire, écrire, compter, et même chanter. C’est tout un pan de ma vie qui sommeille ici. Plein d’images me reviennent en mémoire de ce temps, à la fois bien ancrées et volatiles ».
D’autres, même plus anciennes, resterons longtemps figées sur le papier, comme le souvenir de ces enfants en blouse d’écolier, fixant l’objectif avec le plus grand sérieux, les bras croisés devant un mur qui n’existe plus aujourd’hui.
Balayons rapidement les différentes étapes du développement de l’école depuis qu’elle a été rendue obligatoire, gratuite et laïque par les lois de Jules Ferry de 1881 et 1882.
À Heyrieux, le Conseil municipal devança d’une année, par un vote à l’unanimité, l’injonction gouvernementale de gratuité scolaire. Mais en réalité, il y avait déjà longtemps que les familles désargentées pouvaient en bénéficier si elles en faisaient la demande.
En 1873, 17 filles et 16 garçons étaient inscrits ; en 1874, ce chiffre monta à 22 garçons et 19 filles. Auparavant, comme de partout, l’école encore peu démocratisée et réservée essentiellement aux garçons était l’affaire de l’Église, sauf évidemment pendant la Révolution.
En 1820, les élèves se réunissaient dans un petit local loué, car le curé avait réinvesti le presbytère puis en 1831 l’école prit place dans la Maison commune.
En 1842, la Maison commune ayant été rehaussée, l’école de garçons (l’école de filles se tenait chez l’habitant à Heyrieux) fut établie au premier étage de celle-ci avec une salle de classe comportant 9 grandes tables et 9 bancs ainsi que le bureau du maître et des latrines. Au second étage, se trouvaient la salle du Conseil municipal et les logements de l’instituteur et du curé.
En 1849, une nouvelle école de filles sortit de terre avec une salle d’asile pour les petits, une sorte d’école maternelle avant l’heure, sur un terrain acquis en 1844, situé dans un quartier tranquille, « éloigné des cabarets et des cafés », à l’angle de la rue du Cloître et de l’actuelle rue Pasteur. La salle d’asile faisait plutôt le plein à Heyrieux (80% de présents) à cause entre autres des nombreux indigents qui y trouvaient un secours matériel (vêtements, chaussures, nourriture) et des femmes dans la nécessité de faire garder leurs enfants pour travailler.
Les murs d’enceinte de cet ensemble sont les seuls vestiges qui restèrent après sa démolition.
En 1851, pour montrer ce que coûtait l’instruction à cette époque, nous faisons mention d’une délibération du Conseil municipal qui prévoyait une rétribution scolaire de 2 francs pour apprendre la grammaire et l’arithmétique et de 2,50 francs supplémentaires pour l’étude des éléments, de l’histoire et de la géographie.
En 1870, avec la proclamation de la III ème République et la poussée des idées républicaines, incarnées localement par Marc-Antoine Brillier et Jules Ronjat (sénateurs de l’Isère), l’enseignement devint une priorité et de gros efforts furent repris pour la construction et l’aménagement des écoles.
En 1879, une délibération du Conseil municipal du 13 février, décida de l’appropriation de l’école des filles et initia la construction de l’école des garçons pour un montant de 43 934 francs, ce qui représentait une grosse somme pour la commune. Mais qu’importe, on demanda des subventions, on créa une caisse dite des écoles et on envisagea de lancer un emprunt de 25 000 francs sur 31 ans, financé par plus d’imposition.
Le 22 décembre 1880, le Sou des écoles fut créé.
En 1883, l’école de garçons fut transférée en octobre dans un nouveau bâtiment flambant neuf, réalisé en pierres et en pisé, moitié moins grand que l’édifice actuel reconverti depuis quelques années en centre social. Elle correspondait à la partie sud de l’ensemble par rapport à l’axe de symétrie matérialisé par le mur de séparation des deux cours. L’architecte M.Allemand, déjà employé précédemment, avait conçu un projet global regroupant toutes les écoles et permettant de procéder à des agrandissements par tranches successives de travaux.
En 1891, d’énormes craquements dans les combles de l’école des filles provoquèrent une panique générale. Un constat d’huissier avait déjà établi le 23 mars 1891 la vétusté du bâtiment dont un mur menaçait de s’écrouler et avait défini la responsabilité de la commune en cas d’accident. Il n’y avait plus de temps à perdre ! Le maire de l’époque, Antoine Barbier, et son Conseil municipal décidèrent l’évacuation le 3 mai 1891. Cette dernière fut donc déménagée en urgence dans la maison de Mme Meunier, située rue de l’Ange (rue Victor Hugo) ou deux pièces furent aménagées pour servir de salles de classe. Quant à l’école enfantine, on l’installa dans la maison de Mme Veuve Erard Denise et Mesdemoiselles les institutrices laïques furent relogées par la commune, rue du Colombier, dans la maison de Marc Sarvonnat.
En 1893, après des années d’attente, les écolières trouvèrent enfin une place naturelle à côté des garçons. Répondant à l’urgence de trouver des locaux plus adaptés pour elles, la commune décida en 1889 du lancement d’une deuxième vague de travaux pour construire une école attenante à celle des garçons. Il était prévu qu’elle s’adosse parfaitement à celle-ci, réalisant un pendant harmonieux.
En 1882, l’école des garçons fut terminée (aile droite de l’actuel groupe scolaire) et l’école des filles (aile gauche) était séparée par un mur.
Pour cette réalisation à laquelle le Sou des écoles participa, la municipalité ne lésina pas sur les matériaux utilisés, essentiellement de la pierre taillée provenant des carrières de La Grive, y compris pour les encadrements des portes et fenêtres et les seuils. Sur la photo de l’ancien groupe scolaire, un mur de séparation a été construit pour différencier les deux cours de récréation et éviter tout contact entre les filles et les garçons. Nous constatons également la présence de 16 acacias récemment plantés qui offraient un peu d’ombre aux enfants.
C’est ainsi qu’Heyrieux a réussi, année après année, à réunir en un seul lieu central et dans un édifice de belle facture cher à nos cœurs toutes ses écoles publiques longtemps dispersées. Par la suite, la pression démographique a rendu nécessaire, bien des décennies plus tard, un nouvel éclatement suivi d’un nouveau regroupement.
Mais il y avait la fameuse et curieuse petite fontaine où à la queue leu-leu, les élèves de toutes les classes venaient le dernier jour de l’école laver les encriers de leurs bureaux.
S’il reste un bâtiment communal qui reste inscrit dans les mémoires, c’est bien l’ancien groupe scolaire Pasteur qui, après avoir accueilli bon nombre d’Heyriards, retrouve une nouvelle jeunesse en 2003 avec une réhabilitation attendue.
C’est un lieu à fonctions multiples, avec au rez-de-chaussée, un vaste espace de 324 m² dédié au Centre Social et Culturel et une superficie de 157 m² destinée à accueillir les services du Conseil général de l’Isère dont les assistantes sociales et la Protection maternelle et infantile (PMI).
À l’étage, place à la culture avec la fabrique Musicale qui compte un espace de 508 m² pour dispenser son apprentissage musical avec en outre la réalisation d’un auditorium de 180 m² permettant d’accueillir expositions et conférences, entre autres.
Mairie d'Heyrieux
Place Paul Doumer
BP 28
38540 Heyrieux
Tél : 04 78 40 00 14
Mail : mairie@heyrieux.fr
Les lundis de 9h à 12h et de 14h30 à 16h30
Les mardis, mercredis, jeudis et vendredis de 8h45 à 12h et de 14h30 à 16h30